La Madone

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Elle est là, figée sur son socle de pierre,

A peine du clocher, à un bon jet de pierre,

Implantée en ces lieux, par notre ancien abbé,

Sans doute inspiré par les sources de Jubé,

Pour remercier la Vierge d’avoir épargné nos ancêtres,

Il a créé cet étrange tumulus en cet endroit champêtre…

Aussi pour rappeler au souvenir des vivants,

Que de cet édifice nous sommes les servants.

Qui d’entre nous aura l’audace de croire,

Que dans cent cinquante ans inscrits dans la mémoire,

Il survivra encore, alors que notre Vierge,

Verra toujours du souvenir, brûler le cierge…

Conservez donc précieusement cette bonne habitude,

A chaque 15 août, d’aller lui prouver gratitude,

Car si chacun de nous vit en ce village,

Entouré de paix et de vert pâturage,

C’est parce que du haut de son piédestal,

La Madone veille sur nous et sur nos pierres TOMBALES…

RG

Les premières alertes ont lieu en 1832 et 1849. Le département connaît alors deux épidémies de choléra qui atteignent surtout la ville de Gray et ses environs. La première fera 345 victimes, la seconde 181. De mai à octobre 1855 l’épidémie recommence mais prend une toute autre ampleur puisque c’est une partie de la Haute Saône qui est touchée et qu’il y aura près de 10000 victimes. Le 30 juillet, le mal atteint Vesoul. Une procession emmenée par l’abbé Boilloz, curé de la ville, se rend au sanctuaire de Solborde afin d’obtenir par des prières l’intercession de la Vierge et l’arrêt du fléau, les vésuliens ayant été exaucés, le curé de Saint Georges fait publiquement le vœu, au nom de ses paroissiens, d’élever un oratoire au sommet de la Motte. La première pierre est posée le 12 août 1855. L’édifice est inauguré l’année suivante par l’Archevêque de Besançon. Cette chapelle a été en partie détruite par le feu le 25 février 1966. Sa reconstruction sera rapidement menée à bien et la restauration est terminée en juin 1967. Vesoul n’est pas la seule localité à avoir érigé des monuments commémorant ce terrible évènement.
Il y a dans le département de nombreuses croix dites du « choléra » qui rappellent ce fléau. L’ingéniosité et le courage des habitants de Dampvalley permettront d’y construire l’un des monuments les plus typiques du village : la Madone.
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Le registre des confréries et congrégation de la paroisse relate l’évènement :
« L’an mil huit cent cinquante cinq, l’abbé Christin, curé de Dampvalley-lès-Colombe, voyant le choléra décimer ses paroissiens, forma le projet d’élever un monument à la Ste Vierge et, à l’instant, le fléau cessa après avoir frappé 8 victimes…
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Au midi de Dampvalley, par la côte la plus élevée et qui domine tout le territoire, l’abbé Christin choisit le lieu le plus convenable pour réaliser son pieux devoir. Ce lieu choisit appartient à plusieurs propriétaires, les uns donnant leurs propriétés, et les autres la vendant. Le tout, dûment vendu et donné est enregistré aux frais de l’abbé Christin qui devient propriétaire d’un terrain d’une contenance d’environ cinquante ares.
Au milieu de ce terrain, il éleva un cône tronqué et gradué de 18 mètres de diamètre à la base et de 10 mètres de hauteur. Le tout, construit de pierres brutes, est l’œuvre des habitants de Dampvalley sous la direction de leur pasteur.
Quelques écoles du voisinage font venir les élèves ; l’école des garçons de Noroy, une fois ; les deux écoles de Villers-le-Sec, une fois ; les deux écoles de Colombier, trois fois.
Ce monument commencé au mois de juillet 1855 a été terminé le 1er janvier 1856. Tout le monde y a travaillé, deux hommes exceptés.
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statueSur ce monument a été placé une statue de la vierge en fonte pesant 180 kilogrammes, achetée 200 Francs par l’abbé Christin.
Pour faire avenue au monument, on établit un chemin de croix acheté par plusieurs habitants du village dont les noms se trouvent inscrits sur chacune des pierres qui portent les croix.
La bénédiction de la vierge et l’onction du chemin de croix ont été faites le dimanche 4 mai 1856 par M. Boilloz, curé à Vesoul. Cette cérémonie a été précédée par deux jours de recueillement et de retraite ; presque tous les habitants ont pris part à cette fête, M. Poinsot, curé à Montcey à la tête de 400 des siens. Le temps était magnifique quoiqu’un peu froid. M. le curé de Vesoul parle du haut du monument à la foule recueillie et avide de ses éloquentes paroles. Il y avait plus de 2000 personnes pour l’entendre. Ce jour a été le plus beau de sa vie et le souvenir ne s’effacera jamais dans le cœur de tous ceux qui ont eu le bonheur d’y prendre part.
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Monsieur l’abbé Christin étant mort en 1887, sa nièce Marie Christin, veuve de Félicien Mougenot, fut héritière du champ de la Sainte Vierge pendant neuf ans. Elle en fut propriétaire et en paya les impôts. Mais le nouveau curé de Dampvalley, Paul Courtois de Lure, racheta pour la fabrique de son église de Dampvalley, le Champ de la Vierge pour une somme de 20 francs. L’acte fut fait à Melisey le trois juin mil huit cent quatre vingt seize. »

messe Depuis sa construction le monument est resté immuable. Le terrain a été nettoyé, le monument dégagé en 1989. Et depuis cette année-là, le site reprend vie tous les 15 août, et comme autrefois, attire les fidèles de tout le canton et de ses environs. Les bénéfices de cette fête servent à la rénovation du patrimoine cultuel de la commune. Les visiteurs du dimanche sont de plus en plus nombreux à en faire un but de promenade.

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