Histoire


Le Nom:

L’étymologie est la même que pour Dampvalley-Saint-Pancras, autre village de Haute-Saône : DOMMUS VALERIUM, Saint Valère (ou Vallier), diacre de Langres tué près de Port-sur-Saône par une bande d’Alamans.
Au 13ème siècle, on parlait de Danvallier analogie avec Dampierre (Saint Pierre), Dambenoit… La forme actuelle Dampvalley avec EY vient peut-être d’une influence de Frotey, Quincey, Neurey…
La fin du nom “lès Colombe” veut simplement dire “près de Colombe” (Colombe-lès-Vesoul).

Le nom de Dampvalley n’a aucun lien avec l’anglais « Damp valley » qui veut dire « Vallée humide » même si on pourrait considérer cette origine comme très appropriée.

Les origines :

La formation de la vallée de la Colombine (aussi appelée Canyon de la Colombine dans des littératures plus anciennes) est une histoire très ancienne qui a commencé au début de l’ère tertiaire, il y a quelques 70 millions d’année. Auparavant, notre région était recouverte par la mer. Ensuite, elle a émergé lentement des eaux et les massifs calcaires ont été soumis à l’action de nombreux facteurs qui les ont déformés : mouvements du sol, failles, gel, érosion. Durant l’ère quaternaire qui commence il y a deux millions d’années environ, notre région aura de plus à connaître quatre époques glaciaires, chacune durant plusieurs dizaines de milliers d’années. Lors des deux dernières, le glacier vosgien descendait jusqu’aux abords de Luxeuil et de Lure. Durant ces millions d’années, la Colombine a patiemment creusé sa vallée. La dernière glaciation s’étant terminée il y a un peu moins de 20 000 ans, on peut estimer que depuis cette époque la vallée a pour l’essentiel, son aspect actuel.

La « Pierre qui vire », dolmen en forme de meule de deux mètres de diamètre et 70 cm d’épaisseur, à la limite du territoire de Colombe-lès-Vesoul, atteste une habitation ancienne. La légende qui en ferait une pierre à sacrifice ne semble pas avoir de fondement scientifique sérieux ; mais les fouilles effectuées par M. Collot en 1946 n’ont pu faire apparaître les restes d’une quelconque sépulture, ni de trace de foyer. L’ancienne tradition orale prétendait que ce mégalithe tournait trois fois sur lui-même à chaque nuit de Noël, laissant à découvert un précieux trésor.
Non loin de là des vestiges de constructions cachées sous un énorme murger ont été signalés en 1970.

On trouve aussi à proximité le « couvent des druides » et un puits où Jules César aurait abreuvé son cheval. Une légende raconte que les romains avaient dans leurs bagages des noisettes ; de leur époque dateraient les nombreux noisetiers. Il est vrai que les botanistes pensent que le noisetier a été introduit en Gaule par les Romains.

Du Moyen-âge au 20ème siècle :

Le village faisait partie de la seigneurie de Montaigu, dont le château était sur une colline à l’Est de Colombier. Il souffrit beaucoup de la guerre de 10 ans (1635-1644). En 1635, dit-on, une bande de « Suédois » brûlent les maisons abandonnées par les habitants réfugiés à la Combe Andusscy, puis découvrent la grotte du « Trou de la Cotelotte » où on avait mis linge, barils de vin, provisions. La légende raconte la lutte sauvage entre une trentaine de mercenaires commandés par un chevaleresque capitaine et cinq robustes paysans : Simon BLANC, Jean RAPIN, Etienne ROSEY, Charles CHALON, et Jacques COLLIEUX, qui provisoirement furent vainqueurs… Car des soldats de Turenne, en 1644 incendient le village et massacrent tous les habitants. Seule une femme cachée dans la roue du moulin près du vieux pont, y échappe : ce serait Thérèse ROSEY.

En 1789, la seigneurie appartenait à Claude-François Roland.

Dampvalley a connu un déclin précoce de sa population dès le début du 19ème siècle :
1815 : 427 hab
1868 : 58 hab
1961 : 270 hab
2010 : 116 hab car des familles travaillant à Vesoul se sont fixées dans la deuxième moitié du 20ème siècle, tandis que les quelques agriculteurs descendent des anciens habitants.

La 2nde Guerre Mondiale :

Extrait du discours de M. le Maire de Dampvalley-lès-Colombe à l’occasion de la Célébration du cinquantième anniversaire de la Libération de la commune le 13 septembre 1944.

« Le 15 juin 1940, après de sévères combats à l’entrée de Vesoul, la sombre et cruelle image de la guerre pénètre dans la commune par l’arrivée de plusieurs blessés français venant du « Pont Blanc » où malgré l’héroïque sacrifice du lieutenant Kopp et de ses compagnons, l’ennemi ne peut-être contenu. Il convient de saluer le dévouement d’Aurélie Guillemin et de quelques autres pour essayer de soulager les souffrances de ces malheureux.
Puis la vie reprend son cours et quelques jours plus tard, le premier soldat allemand arrive à Dampvalley. Il chevauchait une motocyclette et son attitude dénotait que l’individu (assez peu représentatif d’ailleurs), avait certainement découvert en route les vertus des alcools locaux, car il s’exprimait avec véhémence en brandissant un objet dans lequel Louis Millot crut reconnaître sa propre tirelire dérobée sans doute quelques instants plus tôt par le teuton assoiffé. Comme Louis voulait récupérer son bien, le soudard lança la tirelire au fond du jeu de quille.
L’occupant s’installe comme s’il devait rester mille ans. A cette époque la Kommandantur dont dépendait Dampvalley était installé à Calmoutier et les infractions commencèrent à pleuvoir dur la tête de la population :

évacuation des tas de fumiers qui s’élèvent au bord de la route

fauchage des terrains inoccupés

déblaiement des chemins par temps de neige

recommandations sur le respect de l’ordre

obligation de satisfaire aux diverses réquisitions de toute nature, etc…
C’est ainsi que les moutons devaient être conduits à Vallerois-le-Bois, les vaches et les chevaux à Vesoul. […] En ce temps-là, où la vie rurale suivait le rythme de ces animaux, c’était un drame pour les paysans, chaque fois que l’un de ces fidèles compagnons devait passer à l’ennemi, ce qui arriva plusieurs fois.
Tant bien que mal les habitants subirent ces années d’occupation sans avoir eu trop à pâtir des occupants et en gardant au cœur l’espoir de voir un jour ces derniers regagner leurs frontières, poussés par un pied vigoureux au bas des reins.
Enfin le Débarquement en Normandie puis en Provence ramena la joie dans les foyers. Il faut se rappeler que les moyens de communication étaient des plus précaires (absence de téléphone et de radio) et que les nouvelles mettaient du temps à parvenir jusqu’à nos villageois.
On commençait à voir de fréquents convois traverser le pays et Madame Blanc se souvient encore de la gigantesque omelette qu’on l’obligea à cuire pour satisfaire l’appétit de ces messieurs, pressés de se diriger vers l’est.
Vesoul venait d’être libéré le 12 septembre par les soldats américains lorsque les premiers obus tombèrent aux alentours du village. Notre ami Robert Bruleport en garde un cuisant souvenir. L’institutrice Stéphanie Virot l’avait envoyer porter un pli à son mari qui tenait le maquis dans les bois de Colombe, au lieu-dit « La Combe du Taureau ». Sa mission accomplie notre brave Bébert s’en revenait à travers champs, lorsqu’il fut encadré par une pluie d’obus de tous calibres, et il a sans doute ce jour-là battu son record de vitesse en rentrant à la maison.
Noroy avait été également libéré le 12 et Abel Bruleport qui gardait ses moutons sur le plateau trouva un portefeuille sans doute perdu par quelque passant, et qui s’avéra être celui d’un officier allemand. Inconscient du danger qu’il courait, notre brave Abel rapporta l’objet chez lui et il le remit plus tard à la Croix Rouge.
Puis les évènements s’accélèrent. Les colonnes en retraite traversèrent le village dans la précipitation. Fernand Goiset raconte :
« On va se battre, laissez les portes et les fenêtres ouvertes » clamait un gigantesque bavarois armé jusqu’aux dents. Je vous laisse à penser ce que devait ressentir Fernand devant la détermination de ce farouche guerrier. Ca sentait la poudre, et le contact était proche, d’autant plus que Jules Blanc avait aperçu sur le soir un étrange véhicule décapotable avec deux hommes masqués à bord, qui était parvenu jusqu’au pont de pierre. L’un d’eux lui demanda s’il y avait encore des allemands au village, puis brusquement l’engin fit demi-tour. On dit qu’ils passèrent la nuit au vieux moulin, alors que leurs adversaires étaient encore dans la côte du Mottet.
Après une nuit agitée, le matin du 13 arriva. Au lever du jour, l’ami Bébert, toujours lui, portait le lait au carrefour du chemin de Montcey ou M.Buhlmann, le laitier, attendait avec sa voiture à cheval lorsqu’il aperçut une Jeep avec deux soladats qui luuii offrirent des cigarettes et des gâteaux. Puis ce fût le tour de Louis Millot qui s’était abrité sous les Roches, regagnait sa maison et croisa également une jeep sur laquelle il remarqua une énorme étoile blanche sur le capot. Les deux occupants lui firent le signe V de la victoire, il en resta éberlué.
Les Allemands se replient rapidement. Fernand qui montait la côte avec ses bidons fut frappé par l’arrivée de deux Jeep dont l’une déroulait une grande bobine de fil montée sur un dévidoir. Sans le savoir il venait sans doute d’inaugurer le premier téléphone à Dampvalley.
Puis toute la journée malgré un temps pluvieux ce fut le défilé d’une impressionnante armada de véhicules de toute sorte : chars, GMC, Dodge et bien sûr les fabuleuses Jeep qui devaient devenir célèbres par la suite.
Ginette Sergent avait confectionné avec sa mère un grand drapeau tricolore et essayait de l’attacher après le monument aux morts avec de la ficelle. Ginette s’engagea d’ailleurs un peu plus tard dans la 1ère armée française.
Enfin ce fut l’arrivée de l’artillerie, 105 et même 155, qui stationnèrent en Grand Prés, au Moulin, en Champtonneau, aux Chenevières. Il y en avait partout, même des mitrailleuses quadruples sur camion.
Tous ces tubes se mirent à tirer sur Autrey, Saulx, Colombier, même Noroy qui était cependant libéré. Une sévère bataille eut lieu entre les deux camps, au cours de laquelle seize Allemands furent tués.
Les corps de ceux-ci furent d’ailleurs relevés et enterrés par les hommes du village en Combe Favery. Henri Blanc notre doyen et Maurice Bruleport s’en souviennent fort bien.
Nos libérateurs sont restés environ deux jours au village et je ne vous décrirai pas la liesse de la population qui en même temps qu’elle recouvrait la liberté, venait de découvrir l’Amérique.
[…]
C’est grâce aux soldats de la 3ème division US que vous pouvez penser Français, libres et bientôt Européens… »